Philosophe, directeur de l'Institut de recherche et d'innovation du centre Pompidou, Bernard Stiegler explique que le déclin progressif mais inéluctable de l'emploi est peut-être une bonne nouvelle.

L'une des sources majeures de vos réflexions est le constat de la mort de l'emploi. Comment en arrivez-vous a pareille conclusion ?

Au début de l'année 2014, dans une convention réunissant quelques-uns des plus grands dirigeants des Etats Unis, Bill Gates a déclaré que dans les 20 années à venir, d'ici à ce que l'automatisation de nos sociétés prenne toute son ampleur, l'emploi sera devenu marginal. D'Oxford au MIT, du Royaume-Uni aux Etats Unis, de nombreuses équipes de recherches ont démontré récemment que l'automatisation va profondément déstabiliser le marché de l'emploi. Les postes crées par les nouvelles activités ne compenseront pas ceux qui seront détruits. On parle de 30% à 50% d'emplois perdus dans les 10 à 20 ans, avec une hypothèse extrême, aux Etats-Unis, celle de Randall Collms, de 70% de postes disparus d'ici à 30 ans. Dans une autre enquête, le cabinet Roland-Berger assure qu'un cinquième des emplois devraient être automatisés d'ici 2025 en France, soit trois millions de postes touchant non seulement des ouvriers et des employés, mais aussi les classes moyennes et intellectuelles.

Auteur de l'article : Ariel Kyrou

Crédits : cette courte citation est relayée depuis un autre site à titre d'information.