Dans son dernier ouvrage («De la Grande Guerre à la crise permanente», Presses polytechniques universitaires romandes, avril 2015), Marc Chesney dresse un parallèle entre la Première Guerre mondiale et la crise financière de 2008. Pour le professeur de finance de l’Université de Zurich, une société civilisée vacille dans les deux cas. Aujourd’hui, une aristocratie financière a pris le pouvoir au détriment du reste de la population, dénonce-t-il, tout en proposant des solutions. Entretien.
Le Temps: Vous comparez la crise financière et la Première Guerre mondiale, n’est-ce pas exagéré ?
Marc Chesney : Il s’agit uniquement de comparer l’Europe de 1914 à celle d’aujourd’hui. A l’époque, une société civilisée a subitement basculé dans la barbarie. Actuellement, la société vacille sur elle-même, tremble sur ses fondations, confrontée qu’elle est à une crise d’une grande ampleur, une crise aux dimensions non seulement financières, mais aussi économiques, sociales, politiques et environnementales. Une aristocratie financière a pris le pouvoir. Elle se drape dans les habits du libéralisme, mais sa pratique quotidienne contredit souvent les principes de base. Cette aristocratie arrive à imposer sa politique et ses intérêts. Ceux-ci ont provoqué la crise et nuisent aux perspectives d’amélioration. Si les dégâts causés par la crise sont d’une autre nature que ceux de la Grande Guerre, ils sont néanmoins dévastateurs.
Auteur de l'article : Mathilde Farine
Crédits : cette courte citation est relayée depuis un autre site à titre d'information.