Produire soi-même dans des ateliers composés de machines-outils pilotées par ordinateur, où l’on échange connaissances et savoir-faire : telles sont les possibilités offertes par les FabLabs. Un réseau mondial de laboratoires locaux se met en place. Ce mode de production écologiste ouvre des perspectives anticapitalistes : relocalisation de l’économie, moindre utilisation de ressources naturelles, création d’objets en petite série, autonomie des utilisateurs...

En 2000, j’écrivais « le potentiel subversif du logiciel libre, comme mode de production » [1]. C’était à la fois une anticipation de la montée en puissance des logiciels libres durant le début du XXIème siècle mais c’était aussi trop restrictif dans le sens où le logiciel comme mode de production, ne peut résumer à lui seul l’ensemble des productions. Certaines caractéristiques du mode de production des logiciels libres sont transférables à d’autres produits mais la généralisation de celles-ci entraînerait la confusion entre les processus d’immatérialisation et ceux de dématérialisation. La dématérialisation est le processus qui réduit la quantité de matière utilisée alors que l’immatérialisation tend à la suppression de l’usage de toute matière. Cette confusion est à la base d’un capitalisme vert, et alimente la possibilité d’une accumulation infinie de capital de plus en plus immatérialisé [2]. Un mode de production subversif et donc alternatif au mode de production dominant capitaliste ne peut se situer uniquement dans la sphère de la production immatérielle. C’est en cela que les fablabs apparaissent comme un lieu de subversion plus puissant. Ces ateliers composés de machines-outils pilotées par ordinateur, pouvant fabriquer à la demande des biens de nature variée et singulière sont une alternative à l’usine, productrice de biens uniformes de masse. Le logiciel libre y devient une composante importante.

Auteur de l'article : Jérôme Gleizes

Crédits : cette courte citation est relayée depuis un autre site à titre d'information.