La crise est aujourd’hui l’explication générique la plus fréquemment invoquée pour justifier tous les maux des pays occidentaux. Si certains intellectuels, lassés d’entendre un mot si galvaudé qu’il ne provoque plus l’effroi sacré, lui préfèrent « transition », « changement de monde », ou encore « métamorphose », le constat demeure le même : la crise est notre condition permanente et ne laisse augurer aucune sortie par le haut.
Au milieu des efforts pour caractériser cette condition qui échappe aux cadres intellectuels et historiques traditionnels, la symbolique de crise a déserté le champ de la rationalité pour se glisser dans des oripeaux moralisants : qu’est-ce nous vivons sinon une crise des valeurs, une crise de la civilisation occidentale ? Quant à l’analyse économique, elle invoque à son habitude indicateurs et responsabilité des politiques, si bien que ces derniers nourrissent une obsession pathologique pour les variations chiffrées même les plus infimes.
Auteur de l'article : Diana Filippova
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